Unité Chrétienne 50 rue Bancel 69007 LYON

L’Unité Chrétienne selon l’abbé Couturier

L’Unité Chrétienne selon l’abbé Couturier

L’abbé Paul Couturier était un prêtre lyonnais, professeur de sciences dans un collège catholique, qui a vécu dans la première moitié du XXe siècle (1881-1953). En quelques années, l’obscur professeur de sciences lyonnais est devenu « l’apôtre de l’unité chrétienne » et « le prêtre catholique le plus connu dans le monde entier » comme on a pu le qualifier. Ses funérailles en 1953 ont permis à une assemblée interconfessionnelle de rendre grâces pour sa vie et son œuvre – en particulier la Semaine de prière pour l’unité chrétienne et le Groupe des Dombes – qui ont eu une influence déterminante sur la conception de l’œcuménisme, en particulier de l’œcuménisme spirituel.

L’historien Étienne Fouilloux intitulait sa communication au colloque interconfessionnel et universitaire tenu à Lyon en 2002[1] sur l’œcuménisme spirituel de Paul Couturier : « la vocation tardive de l’abbé Couturier ». En effet, l’abbé lyonnais se “convertit” ou fut “appelé” à l’œcuménisme à l’âge de 51 ans seulement ! Comment un prêtre formé dans un séminaire catholique au tout début du XXe s., ayant reçu une formation sans doute plus pieuse que théologique, comme il était de mise à l’époque, a-t-il pu organiser à Lyon dès 1933 un « Triduum pour l’unité des chrétiens » qui deviendra la « Semaine de prière pour l’unité chrétienne » telle que nous la connaissons aujourd’hui ?

Des rencontres décisives

Victor Carlhian – Teilhard de Chardin

Dès le début des années 1920, Paul Couturier fit une rencontre décisive pour sa vie, et pour l’œcuménisme, l’industriel lyonnais Victor Carlhian. A priori, rien ne prédestinait les deux hommes à se croiser. Tous les séparait. Le laïc fréquentait un “Groupe de travail en commun” fondé par le philosophe Jacques Chevalier en 1920 – où l’on pouvait côtoyer Jean Guitton et Emmanuel Mounier, entre autres. À l’opposé, le prêtre était issu d’un milieu traditionnel et rigoriste, politiquement proche de l’extrême droite et marqué par la spiritualité de l’époque, le curé d’Ars et la petite Thérèse.

L’industriel réunissait pendant la période estivale des intellectuels dans sa propriété de Saint-Ours dans le Vercors. D’abord invité comme chapelain, l’abbé Couturier fit partie des habitués de la maison tous les étés pendant de nombreuses années. C’est grâce à Victor Carlhian que Couturier fut initié à la lecture de philosophes et théologiens très différents de ceux enseignés au séminaire, en particulier Teilhard de Chardin. En effet, l’industriel dénichait les articles scientifiques du célèbre jésuite et faisait circuler sous le manteau à Lyon Le Milieu Divin qu’il avait fait imprimer de manière artisanale. Il en transmit un exemplaire à l’abbé Couturier qui l’a recopié de sa main dans un cahier d’écolier.

Carlhian résumait ainsi les découvertes de l’abbé Couturier au bout de quelques années de fréquentation de ce milieu intellectuel lyonnais :

« … Pour marquer le tournant de son sacerdoce, je dirai que l’abbé Couturier a découvert alors : le primat de la charité, le progrès vers la vérité, une conception non plus statique, mais dynamique, non pas seulement du cosmos par une création continue, mais aussi de l’œuvre humaine à accomplir sur un germe reçu et dont elle est chargée d’assurer le développement…[2] »

Le jésuite Albert Valensin

L’autre rencontre décisive de la même période, celles des années 1920, fut le jésuite Albert Valensin, frère du célèbre Auguste Valensin – disciple et ami de Maurice Blondel, et également confident de Teilhard de Chardin -, lors d’une retraite ignacienne en 1920. Le jésuite, titulaire de la chaire d’apologétique aux Facultés catholiques de Lyon, avait en effet adapté les Exercices spirituels au clergé. Il aida le prêtre lyonnais à entrer davantage dans l’intériorité, en lui apprenant à dépasser ses scrupules quasiment maladifs.

L’historien lyonnais Étienne Fouilloux récapitule ainsi les sources de l’œcuménisme de Couturier :

« V. Carlhian, Albert Valensin, J. Chevalier, J. Guitton ; P. Teilhard de Chardin… : autant de pierres vivantes pour les fondements philosophiques et théologiques de l’“œcuménisme spirituel”[3] ».

L’accueil des réfugiés russes

En 1923, Albert Valensin demanda à Paul Couturier de participer à l’accueil de réfugiés politiques qui avaient fui la Russie après la Révolution de 1917. Ce fut la première rencontre du prêtre lyonnais avec des orthodoxes. Il racontait quelques années après : « J’ai connu de la sorte, très bien, des prêtres orthodoxes de la colonie russe lyonnaise. Par les prêtres orthodoxes, j’ai connu la hiérarchie orthodoxe, notamment le Métropolite Euloge…[4] »

Pendant douze ans, l’abbé et sa sœur se sont dépensés sans compter pour venir en aide à ces réfugiés. Les premières relations de l’abbé Couturier avec ces émigrés étaient donc de l’aide pour trouver un travail ou un logement, finalement de l’écoute de situations de misère non seulement matérielle mais aussi morale.

Mais au niveau de l’unité des chrétiens, Couturier suivait les directives romaines. Le père Valensin et les milieux catholiques lyonnais évoluaient à cette époque dans un cadre “unioniste”, dans la perspective d’un “retour à Rome” des frères séparés. Dans un premier temps, ils ont cherché à réaliser des conversions individuelles de ces russes. Malgré leurs efforts, les orthodoxes sont restés fidèles à leur Église d’origine. Les catholiques lyonnais imaginèrent alors une autre stratégie : installer à Lyon une chapelle russe, la chapelle Saint-Irénée, desservie par un prêtre uni, c’est-à-dire en communion avec Rome, de rite slave. « L’étroite association aide matérielle-secours religieux devait faire naître une Église catholique de rite slave, pont par lequel l’orthodoxie émigrée franchirait le fossé des préjugés séculaires et rejoindrait Rome.[5] » Même si cette communauté catholique de rite byzantin existe toujours à Lyon, les orthodoxes russes ne sont pas convertis en masse au catholicisme !

Couturier et Amay

Au moment où l’abbé Couturier arriva pour faire sa retraite d’un mois à Amay-sur-Meuse, au monastère de l’Union fondé par Dom Lambert Beauduin, le 16 juillet 1932, la communauté était en pleine crise. C’est pourtant dans ce lieu qu’il trouva sa vocation œcuménique.

Un moine de Chevetogne, où le monastère de l’Union s’est installé en 1939, disait en 2002 :

« Couturier est entré dans l’amitié d’Amay à un moment où Amay avait terriblement besoin d’amis. Avec son audace et sa modestie, il a pu accomplir un travail immense en vue de la “préparation des esprits” pour l’unité visible, à un moment où Amay était tenté de chercher par prudence à rassurer la vieille garde du triomphalisme catholique romain. Dans ce sens, il prenait le relais d’Amay dans la sensibilisation du public à l’urgence de l’unité.[6] »

Non seulement l’abbé Couturier s’est fortement inspiré de l’expérience œcuménique d’Amay, mais, dans une belle réciprocité, il a soutenu et encouragé le monastère en difficulté.

Malgré le climat peu favorable, Couturier a expérimenté dans la liturgie selon les deux rites l’unité chrétienne effectuée dans la prière. Il a lu et médité l’opuscule de Lambert Beauduin[7], et compris sa pensée novatrice en matière de liturgie et d’unité des chrétiens. Jusqu’à sa mort, Couturier est resté fidèle à Amay-Chevetogne, il a entretenu une correspondance avec plusieurs moines, diffusé largement Irénikon, demandé des conseils pour le choix de conférenciers et réagi aux publications du monastère.

La Semaine de prière pour l’unité chrétienne

Au retour d’Amay sur Meuse, l’abbé Couturier organisa un « Triduum », du 20 au 22 janvier 1933, dans l’église Saint-François de Sales dans la presqu’ile lyonnaise. Il fit imprimer des affiches, commandées à Amay et retirées à Lyon, avec le programme de ce « Triduum pour le retour des Chrétiens séparés à l’Unité de l’Église ». Il demanda à son ami Albert Valensin, s.j., d’assurer des temps d’instructions.

Le Triduum s’élargit à Lyon en une “Octave Solennelle de Prières” l’année suivante, en s’intégrant à l’Octave mondiale recommandée par les papes successifs.

Grâce au soutien du métropolite Euloge, des orthodoxes furent présents à la primatiale lyonnaise en janvier 1935. Pour Paul Couturier, cette présence fut le signe visible qu’il était possible que des chrétiens séparés s’unissent dans une même intercession pour l’unité. Pour cela, il était nécessaire d’assigner un autre objectif à l’Octave de prière, non plus le seul “retour” des frères séparés à Rome, mais l’unité telle que le Seigneur la veut, unité qui ne peut être obtenue que par la seule prière.

La « Semaine de prière pour l’unité chrétienne » selon la « formule Couturier » était lancée, puis vint le Groupe des Dombes en 1937, les relations avec diverses communautés religieuses hors de l’Église catholique, Nashdom, Grandchamp, Taizé, etc., l’abbé Couturier « converti » à l’œcuménisme, ne regarda plus en arrière !

L’évolution de la pensée de l’abbé Couturier

Pour exprimer sa pensée sur la prière pour l’unité des chrétiens, Paul Couturier a écrit essentiellement trois textes. Le premier est publié en 1935, il est intitulé « pour l’unité des chrétiens, psychologie de l’Octave de prières du 18 au 25 janvier »[8]. En 1937, l’abbé reprend et développe sa pensée dans un article ayant pour titre « l’universelle prière des chrétiens pour l’unité chrétienne »[9]. Enfin, en 1944, il récapitule sa pensée dans un texte connu aujourd’hui comme son “testament œcuménique”, car publié officiellement par le diocèse de Lyon quelques mois avant sa mort[10].

Entre temps, Couturier écrit deux méditations à la demande des sœurs de Grandchamp puis l’article « Charité, lumière de vie »[11] où il tente de tirer des ravages de la guerre quelques conséquences pour l’unité des chrétiens.

Nous avons publié récemment deux de ces textes importants[12]. La première partie de « l’universelle prière des chrétiens pour l’unité chrétienne » de novembre 1937, sous-titrée « considérations théoriques », nous est apparue particulièrement intéressante à mettre de nouveau à la disposition du public, cinquante ans après l’ouvrage récapitulatif de Maurice Villain[13], épuisé depuis longtemps en librairie. En effet, c’est le seul écrit où l’abbé explicite le fondement théologique de sa conception de la prière pour l’unité chrétienne.

Nous avons également publié le texte envoyé en 1941 aux sœurs de Grandchamp pour une retraite sur la prière : « un aspect cosmique de la prière ». En effet, cette méditation sur la prière, écrite à la première personne du singulier, dans laquelle l’influence de la pensée scientifique de Teilhard de Chardin est manifeste, nous parait être d’une étonnante actualité.

De l’unité des chrétiens à l’unité de l’humanité

Le premier texte publié par l’abbé en 1935 envisageait l’unité des chrétiens à partir de leurs séparations, comme une ré-union des chrétiens séparés, en un mouvement allant de la séparation des chrétiens vers une nouvelle union de ceux-ci. Couturier avait une vive conscience du scandale de la division des chrétiens et souffrait réellement de cette désunion. L’histoire montrant la pente naturelle de la division et l’impossibilité d’une ré-union par des moyens humains, seule la prière peut parvenir à obtenir de Dieu cette Unité. Le chrétien qui prie sincèrement pour l’Unité s’en remet au Christ, il reconnait que son Église a été infidèle et doit changer. Ce que sera l’Unité ? Nous n’en savons rien. Les responsables des Églises doivent donc accepter de ne pas savoir quand et comment se fera l’unité.

Couturier part du fait de l’Octave de prière pour l’unité instaurée en 1908 par Paul Wattson et Spencer Jones[14], et lui assigne, péniblement à vrai dire, un autre but : prier pour qu’arrive l’Unité visible du Royaume de Dieu, telle que le Christ la veut ! Il faut rappeler ici les intentions de prière proposées à l’origine pour chaque jour de cet Octave de prière pour l’unité :

  • « 18 janvier : Retour de toutes les “autres brebis” à la bergerie de Pierre le seul berger.
  • 19 janvier : Retour de tous les orientaux séparés à la communion avec le siège apostolique.
  • 20 janvier : Réparation de la brèche du xvie siècle entre l’Angleterre et Rome.
  • 21 janvier : Retour des luthériens et des autres protestants d’Europe à la sainte Église romaine.
  • 22 janvier : Que tous les chrétiens d’Amérique deviennent un en communion avec la Chaire de Pierre.
  • 23 janvier : Retour de tous les mauvais catholiques à la pratique des sacrements.
  • 24 janvier : Conversion des juifs.
  • 25 janvier : Conquête du monde entier au Christ par les missionnaires.[15] »

Cet article de 1935 ne semble pas avoir eu beaucoup d’échos, c’est pourquoi Couturier s’explique à nouveau en 1937 dans un texte en deux parties intitulé « l’Universelle prière des Chrétiens pour l’Unité Chrétienne ». Notons immédiatement un petit changement dans le titre de cette publication de 1937, Couturier ne parle plus de l’unité des chrétiens mais de “l’unité chrétienne”. Ce changement n’est pas anodin. Ce texte, davantage construit et argumenté que le précédent, débute par une définition de l’idéal et de l’utopie. L’abbé poursuit :

« Le vrai chrétien […] ne peut pas ne pas être un ouvrier fervent de l’Unité Chrétienne… en son cœur une insondable inquiétude : tout ramener au Père par le Christ, l’Envoyé du Père[16] ».

Apparait ici le motif central : “tout ramener au Père par le Christ“, l’horizon s’est considérablement élargi, il ne s’agit plus seulement de l’unité visible des chrétiens, de la réunion des Églises, mais du dessein du Père de tout ramener à Lui par le Christ. L’abbé place la question de la “réunion des chrétiens séparés” sur le fond de la création divine et du dessein d’amour et d’unité du Père sur cette création.

Dans cet écrit de 1937, l’abbé propose un exemple de prière pour l’unité :

« Ma confiance en Toi me jette dans ton cœur où je trouve ta prière : “Père, qu’ils soient un afin que le monde connaisse que tu m’as envoyé. Père, qu’ils soient consommés dans l’unité.” […] Quand ? Comment se fera l’unité ? Quels sont les obstacles à vaincre ? C’est ton affaire ; ma foi ne peut rien me commander de plus que de prier avec Toi, en Toi, pour qu’arrive Ton Unité, celle que Tu n’as cessé de vouloir, celle que Tu poursuis, que Tu prépares.[17] »

Le Corps mystique du Christ est infiniment plus large que nous le pensons. Ses limites sont invisibles à nos yeux. La vie spirituelle y circule comme le sang dans le corps humain. Si j’y consens, la prière, même non explicite, de tous mes frères humains, passe dans ma propre prière. En réciprocité, je prie en chacun des autres, ignorant qui est le plus près de Dieu ! La vie spirituelle transcende les séparations posées par les croyances. Couturier écrit :

« Les aspirations même sourdes du repentir, les défaillances à réparer, les appels en creux que lancent au Christ les âmes criminelles par leurs crimes mêmes (recherches dévoyées du bonheur), les exultations de la reconnaissance, la joie douce des âmes pacifiées, la vie intime tout entière de tous les hommes se presse dans ma propre vie spirituelle. Dans ma prière passe vitalement leur prière. Je n’ai qu’à laisser faire, à dire : oui. Et pour faire mieux, ce mieux où nous devons toujours tendre, je n’ai qu’à réaliser, c’est-à-dire à réfléchir au secret du cœur à tout ce flux qui passe en moi et monte vers Dieu quand je prie, à rendre plus vif en le frappant de ma personnalité morale ce courant vers Dieu venu des profondeurs les plus lointains de l’humanité. En réciprocité, je prie donc dans chacun des autres. Ma prière pour l’Unité sort de mon cœur, s’infiltre par la circulation spirituelle du Corps Mystique dans la prière de mon frère, peut-être bien éloigné de moi par le contenu de ses croyances. Mais s’il est plus près de Dieu que moi, c’est dans sa prière que ma pauvre prière trouvera sa meilleure efficacité, son plus rapide envol vers l’Éternel. Quelles merveilles sont cachées à nos pauvres yeux de chair comme aux regards de l’esprit ![18] »

Pour Couturier, l’unité chrétienne est rien de moins que l’unité de l’humanité dans le grand dessein rassembleur de Dieu par le Christ. L’abbé lyonnais inscrit donc l’unité des chrétiens sur l’horizon du dessein de Dieu sur l’humanité. Unité des chrétiens et unité de l’humanité sont donc inséparables.

La charité précède la Vérité

La méditation sur la prière envoyée aux sœurs de Grandchamp, « un aspect cosmique de la prière », reprend le principe déjà formulé dans l’article de 1937, ici exprimé avec force. « La création, flux d’Amour, est en même temps reflux d’Amour à sa source initiale. Dieu ne déploie en multiple que pour rassembler en son Unité.[19] » L’unité des chrétiens trouve sa place dans le grand dessein rassembleur de Dieu dans la Création et la Rédemption. L’œcuménisme n’est donc pas seulement une question ecclésiale.

Quel est le rôle de l’Homme dans ce dessein de Dieu ? Comment travailler à l’Unité Chrétienne ? Couturier formule ainsi le fondement de toute une méthode : « la charité précède la Vérité »[20]. Cette “méthode” continue à fournir à l’œcuménisme doctrinal un point d’attention incontournable, aujourd’hui comme hier. L’abbé lyonnais l’a sans doute appris auprès du fondateur des Moines de l’Union, dom Lambert Beaudoin :

« Tout en étant très attaché à la clarté doctrinale, dom Beauduin estime inopportun d’engager maintenant des négociations : un accord théologique entre les hiérarchies serait inefficace s’il n’était l’aboutissement d’un long rapprochement des intelligences et des cœurs, méthode que dom Lambert désigne sous le terme de “psychologique”.[21] »

Cette méthode était celle des Conversations de Malines, condensée magnifiquement par le Cardinal Mercier dans sa lettre pastorale du 18 janvier 1924, souvent citée par Lambert Beauduin :

« Les hommes sont faits pour s’aimer les uns les autres : il n’est pas rare que des cœurs mutuellement étrangers qui auraient pu, à distance, se croire ennemis, goûtent, à se comprendre, un charme pénétrant qu’ils n’auraient pas soupçonné…

Assurément, le rapprochement des cœurs n’est pas l’unité de la Foi, mais il y dispose.

Des hommes, surtout des groupements d’hommes, qui ont vécu longtemps étrangers les uns aux autres, dans une atmosphère chargée de méfiances et d’animosités ancrées dans les profondeurs des consciences par une tradition quatre fois séculaire, sont mal préparés à se rendre aux argumentations, si serrées soient-elles, que veulent leur imposer leurs contradicteurs.[22] »

L’œcuménisme spirituel de Couturier place en premier l’amour, la volonté, et l’union des cœurs. La connaissance, la pensée et l’unité des esprits – c’est-à-dire la doctrine et la théologie ‑, sont secondes, sans être secondaires. Paul Couturier va plus loin encore. Non seulement la charité précède la vérité, mais elle l’engendre. Pour le comprendre, il est nécessaire de distinguer la sympathie ou l’affection de la charité « théologale », « l’amour des autres en Christ et l’amour de Christ en eux » :

« Un tel amour en s’approfondissant nous conduira fatalement à avoir les mêmes grandes pensées, les pensées, la Pensée même du Christ devenu à tous “notre” Christ. Ainsi la Charité renferme en son sein la Vérité. La Vérité est le fruit que donne nécessairement la Charité. […]

La Charité non seulement crée un “climat” favorable à l’éclosion de la Vérité, mais, infiniment plus que cela : à un certain degré d’intensité, elle commence la génération de la Vérité dans l’esprit, en sorte qu’aller en croissant dans l’union de Charité c’est aller en croissant dans l’Unité de Vérité.[23] »

L’image a été souvent utilisée. L’avancée de chacun vers le Christ nous rapproche les uns des autres, comme des rayons convergeant vers le centre d’un cercle[24]. La Vérité est quelqu’un, le Christ Jésus, et non un corps de doctrines auxquelles il faudrait adhérer. Cette Vérité n’est jamais atteinte, comme une limite au sens mathématique du terme. Jamais possédée, la Vérité est toujours à chercher plus profondément, en se laissant habiter et travailler au cœur, voire au corps, par l’Esprit Saint.

Un aspect cosmique de la prière

Pour l’abbé Couturier, l’Homme est « le liturge au service du [Christ] Liturge »[25]. Comment peut-il accomplir ce rôle ?

  • « Rassembler pour donner au Christ, le divin Rassembleur !
  • Être un Donneur ! Un offrant ! Un Orant !
  • Être sans arrêt en prière !
  • Telle est la destinée de l’Homme. […]
  • Prier nous incorpore au Cosmos.
  • Prier nous incorpore à la Trinité.
  • Prier nous incorpore à l’Acte Créateur. [26] »

La prière est une force cosmique. Par notre prière, s’amorce le rassemblement de tout l’univers. Par notre prière, Dieu commence l’Unité du multiple. Par notre prière, nous travaillons à la consommation de tout dans le Plérôme du Christ[27]. La prière n’est donc pas un acte de piété, elle est un service public, « service que l’Esprit-Saint veut accomplir Lui-même » en nous. Elle ne concerne donc pas les seuls chrétiens, elle entraine avec elle toute l’humanité par le Christ qui prie en nous, en moi, par son Esprit.

« Je les entends tous. Je les écoute tous, mes frères humains, prier en moi tandis que je prie, tandis que je laisse en moi le Christ faire à son Père, par mes lèvres et mon cœur, sa longue et lente prière. Car moi, je ne suis qu’une voix, je ne suis qu’un “passeur”. C’est le Christ qui, par son Esprit, donne sa voix à la voix de tous mes frères et à ma propre voix. C’est Lui qui, par l’Esprit et dans l’Esprit, peut seul, l’Esprit le criant en Lui, lancer au Père l’unique supplication : “Abba, Père !”[28] »

On peut entendre dans ces extraits des échos de la Messe sur le monde de Teilhard de Chardin.

« Un à un, Seigneur, je les vois et les aime, ceux que vous m’avez donné comme soutien et comme charme naturel de mon existence. […] Plus confusément, mais tous sans exception, je les évoque, ceux dont la troupe anonyme forme la masse innombrable des vivants : ceux qui m’entourent et me supportent sans que je les connaisse ; ceux qui viennent et ceux qui s’en vont ; ceux-là surtout qui, dans la vérité ou à travers l’erreur, à leur bureau, à leur laboratoire ou à l’usine, croient au progrès des Choses, et poursuivront passionnément aujourd’hui la lumière. […]

Tout ce qui va augmenter dans le Monde, au cours de cette journée, tout ce qui va diminuer, – tout ce qui va mourir, aussi, – voilà, Seigneur, ce que je m’efforce de ramasser en moi pour vous le tendre ; voilà la matière de mon sacrifice, le seul dont vous ayez envie. […]

Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création, mue par votre attrait, vous présente à l’aube nouvelle. […] Au fond de cette masse informe, vous avez mis – j’en suis sûr, parce que je le sens – un irrésistible et sanctifiant désir qui nous fait tous crier, depuis l’impie jusqu’au fidèle : « Seigneur, faites-nous un ! »[29] »

Penser l’unité des chrétiens sur l’horizon de l’unité de l’humanité et même du cosmos a aujourd’hui une seconde incidence, l’ouverture de l’œcuménisme sur le dialogue interreligieux. L’œcuménisme spirituel de Couturier ne fraierait-il le passage au dialogue interreligieux de l’expérience spirituelle ?

La sanctification des non-chrétiens

Nous devons ici reconnaitre notre dette envers Mark Woodruff. En effet, celui-ci, dans une conférence donnée à l’occasion des cinquante ans de la mort de l’abbé Couturier[30], a repéré qu’à partir de 1946 le prêtre lyonnais proposait une nouvelle série d’intentions pour la Semaine de prière. Celles-ci étaient formulées en termes de ‟sanctification”, successivement des catholiques, des protestants, des orthodoxes, des juifs et enfin de tous les non-chrétiens !

Une lecture minutieuse des documents proposés année après année pour la Semaine de prière pour l’unité chrétienne du 18 au 25 janvier nous a permis de vérifier cette évolution. De 1946 à 1953, on peut lire sur ces “tracts”[31] deux listes de propositions d’intentions de prière pour chaque jour de la Semaine sous la forme suivante :

« Note tirée de « Catholicité »

(Janvier 1946)

Ceux qui en plus de l’intention générale de la Semaine d’Unité Chrétienne :

« L’unité de tous les chrétiens telle que le Christ l’a voulue pour son Église »

désireraient une intention particulière pour chaque jour pourraient s’inspirer des suggestions suivantes :

  • 18 janvier : Unité de tous les chrétiens
  • 19 janvier : Sanctification des catholiques
  • 20 janvier : Sanctification des orthodoxes
  • 21 janvier : Sanctification des anglicans,
  • 22 janvier : Sanctification des protestants luthériens,
  • 23 janvier : Sanctification des protestants calvinistes,
  • 24 janvier : Sanctification de tous les autres protestants.
  • 25 janvier : Unité de tous les humains dans la Charité et la Vérité du Christ.

Ou bien

  • 18 janvier : Unité de tous les chrétiens
  • 19 janvier : Sanctification des catholiques,
  • 20 janvier : Sanctification des orthodoxes,
  • 21 janvier : Sanctification des anglicans,
  • 22 janvier : Sanctification de tous les protestants,
  • 23 janvier : Sanctification des juifs,
  • 24 janvier : Sanctification de tous les non-chrétiens.
  • 25 janvier : Unité de tous les humains dans la Charité et la Vérité du Christ. »

Dans l’article de la revue Catholicité (janvier 1946)[32] intitulé « charité, lumière de vie », l’abbé Couturier justifiait ce choix de la sanctification de tous, en “langage d’émulation spirituelle”. Non seulement il incluait la sanctification des Juifs et autres non-chrétiens dans sa prière, mais il avait la délicatesse d’écrire “humains” et non pas “hommes” ou “Hommes”, bien avant la mode du langage inclusif ! Il priait pour l’Unité de tous les humains, tel est bien le but de la Semaine.

Suivant les années, le tract donnait in extenso l’article de l’abbé paru dans Catholicité ou y renvoyait par la note suivante : « À qui le désirera sera envoyé gratuitement ce numéro de Catholicité où se trouvent largement expliquées et légitimées l’intention générale et les intentions de chaque jour.[33] » En effet, le texte publié justifie l’élargissement de la prière par cette phrase :

« Car il est vrai que tout groupement religieux, même hors du christianisme ou du judaïsme, possède des valeurs positives de sanctification et des possibilités de dépassement. »

Paul Couturier, dès 1946, reconnaît des valeurs spirituelles aux autres religions et prie pour la sanctification de tous, chrétiens et non-chrétiens ! Quelques années après, le concile Vatican II engagera l’Église catholique sur le chemin du dialogue interreligieux avec des termes proches[34].

Mark Woodruff interprète ainsi l’ouverture de la prière aux non-chrétiens :

« The amazing thing is that from the outset, the reason for pleading for the unity of Christians was the need of the world and the unity of all humanity in the one Creation of Christ. It is as fresh and as urgent today as in 1934 when he began. At a time when Jews, Muslims and Christians in the Middle East face separations that may not be healed for centuries, and when the world of Islam braces itself at the thought of renewed onslaught from those they still see as Crusaders, Couturier’s vision of Christ and the prayer, because of him and how it is He who ‘fills the universe’, that all may be sanctified is the most positive and dynamic work we can do in his service.

We do not pray so much for ourselves, or for more people to become Christians like us or for the victory of our vision of Church and Society to prevail. Christ is not about triumph – he is among us as one who serves, who dies, who draws all to himself when he is lifted up. When we lift him up in the prayer for the Unity of Christians, it is because we pray for the world – with no strings attached – simply because he loved it and gave himself up for it.[35] »

D’autres faits témoignent encore de l’intérêt du prêtre lyonnais pour les autres religions[36]. Œcuménisme et dialogue interreligieux ont bien partie liée. Cet aspect de la pensée de Couturier est largement méconnu, il est pourtant d’une actualité brûlante !

On note pourtant une réserve de la part de certaines personnes engagées dans la recherche de l’unité des chrétiens concernant cette conception de l’unité chrétienne et l’ouverture possible de l’œcuménisme au dialogue interreligieux. Celle-ci ne date pas d’aujourd’hui. Le fidèle collaborateur de l’abbé Couturier, Maurice Villain, connaissait déjà les réticences provoquées par cette extension de la prière de Couturier.

« On voudra bien remarquer que le deuxième schéma, où figure “la sanctification des Juifs” et des “non-chrétiens” a toujours trouvé place dans les tracts, en dépit des réclamations de certaines personnes qui eussent préféré “rester entre chrétiens”. L’abbé ne peut détacher sa pensée de tous ses frères humains, aimés de Dieu ; il sait que son tract sera lu par des amis israélites, musulmans ou hindouistes, et il tient à leur montrer à tous qu’ils ne sont pas oubliés dans la grande intercession chrétienne, en une manière qui ne peut que leur agréer.[37] »

Après la mort de Couturier, lorsque le père Michalon prendra la direction du centre œcuménique lyonnais Unité Chrétienne, la deuxième série d’intentions particulières n’apparaîtra plus sur les documents de la Semaine de prière. C’est la raison pour laquelle il nous a semblé important de revenir aux tracts initiaux. Abandonner ces dernières intentions de prière, c’est perdre de vue l’horizon de l’unité de l’Église : le dessein salvifique de Dieu pour toute l’humanité ! Retournant aux textes originaux et en fidélité avec l’inspiration initiale du promoteur de « l’Universelle prière des Chrétiens pour l’unité chrétienne », nous nous devons aujourd’hui de rétablir sa pensée dans toute son intégralité. Les domaines que nous nommons aujourd’hui œcuménisme, le souci de l’unité à l’intérieur du christianisme, et dialogue interreligieux, le dialogue avec les autres religions, sont liés !

En guise d’ouverture

Même si le langage de l’abbé Couturier nous parait daté, son style lourd et l’importance qu’il accorde au nécessaire ressenti de la souffrance de la séparation difficile à faire entendre aujourd’hui, ses intuitions sont toujours actuelles.

Il est inutile de revenir sur sa conception de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne, elle a été adoptée par tous[38]. Dans la ligne du cardinal Mercier et de dom Lambert Beauduin, Couturier repositionnait charité et vérité dans une méthode pour travailler à l’unité chrétienne. L’union des cœurs précède et prépare l’union des esprits, voilà le principe de l’œcuménisme spirituel ; la conversion du cœur et la prière sont le climat dans lequel il s’épanouit. La voie ouverte dans l’amour et la vie spirituelle pourra alors être exploitée dans le dialogue théologique. La vérité est un fruit de la charité. Le concile Vatican II a ratifié cette intuition comme étant le cœur ou l’âme de tout œcuménisme :

« Cette conversion du cœur et cette sainteté de vie, unies aux prières publiques et privées pour l’unité des chrétiens, doivent être regardées comme l’âme de tout l’œcuménisme et appelées à bon droit « œcuménisme spirituel ».[39] »

Le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens en a fait l’objet de son assemblée plénière de 2003. Son président, le cardinal Kasper, a publié ensuite un Manuel d’œcuménisme spirituel[40], guide pratique permettant à chaque catholique d’enraciner l’œcuménisme dans la prière personnelle et communautaire.

Ce qui nous apparait plus novateur et actuel est l’horizon sur lequel Couturier plaçait l’unité des chrétiens : le dessein de salut de Dieu. L’unité chrétienne envisagée par le prêtre lyonnais est la réalisation en plénitude du dessein d’amour de Dieu pour l’humanité et la Création tout entière. Ce projet divin sur l’humanité et le Cosmos est de tout récapituler dans le Christ, comme l’exprime le début de l’épître aux Éphésiens.

La préoccupation pour l’écologie intégrale est aujourd’hui pressante et la dimension cosmique de la prière est plus familière à nos contemporains. Le pape François écrit dans son encyclique Laudato si’ : « Uni au Fils incarné, présent dans l’Eucharistie, tout le cosmos rend grâce à Dieu. En effet, l’Eucharistie est en soi un acte d’amour cosmique : « Oui, cosmique ! Car, même lorsqu’elle est célébrée sur un petit autel d’une église de campagne, l’Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l’autel du monde ». L’Eucharistie unit le ciel et la terre, elle embrasse et pénètre toute la création. Le monde qui est issu des mains de Dieu, retourne à lui dans une joyeuse et pleine adoration.[41] »

D’autres paroles de l’abbé Couturier envoyées aux sœurs de Grandchamp en 1941, citées plus haut : « C’est le Christ qui, par son Esprit, donne sa voix à la voix de tous mes frères et à ma propre voix. C’est Lui qui, par l’Esprit et dans l’Esprit, peut seul, l’Esprit le criant en Lui, lancer au Père l’unique supplication : “Abba, Père !”» trouvent un écho, un demi-siècle plus tard, dans la prière des moines de Tibhirine. Christian de Chergé disait à ses frères : « Il est important pour nous de nous laisser emporter, aussi avant que possible, dans la prière de l’autre, si je veux être davantage qu’un chrétien présent à côté d’un musulman. J’ai vocation à m’unir au Christ à travers qui monte toute prière et qui offre au Père, mystérieusement, cette prière de l’Islam comme celle de tout cœur droit. [42] » L’œcuménisme spirituel de l’abbé Couturier pourrait-il conduire aujourd’hui au dialogue interreligieux de l’expérience spirituelle ? Nous en avons la conviction.

De même que l’Église n’a pas sa raison d’être en elle-même, l’œcuménisme n’est pas un objectif en soi. L’Église est signe, sacrement et instrument de l’unité de l’humanité. Dans la quête œcuménique, il en va de l’unité de toute l’humanité ! Au moment de la Seconde Guerre mondiale le prêtre lyonnais rappelait l’urgence de l’unité des chrétiens pour la réconciliation de l’Europe. Combien plus aujourd’hui, comme l’a fait le pape Jean-Paul II en 1986, l’apôtre de l’unité chrétienne nous presserait-il au dialogue interreligieux pour la paix entre tous les peuples du monde !

Anne-Noëlle Clément, One in Christ, vol 53, n°2 (2019)


Notes

[1] Étienne Fouilloux, « la vocation tardive de l’abbé Couturier », in L’œcuménisme spirituel de Paul Couturier aux défis actuels, Lyon, Profac, 2002.

[2] Cité par Maurice Villain, L’abbé Paul Couturier, apôtre de l’unité chrétienne, Tournai – Paris, Casterman, 1957, p. 24.

[3] Étienne Fouilloux, Les catholiques et l’unité chrétienne du xixe au xxe siècle, Paris, Centurion, 1982, p. 288-289.

[4] Cité par Maurice Villain, L’abbé Paul Couturier, op. cit., p. 29.

[5] Étienne Fouilloux, Les catholiques et l’unité chrétienne du XIXe au XXe siècle, op. cit., p. 292.

[6] Thaddée Barnas, « l’abbé Couturier et Amay-Chevetogne », L’œcuménisme spirituel de Paul Couturier aux défis actuels, op. cit., p. 116.

[7] Dom Lambert Beaudoin, Une Œuvre monastique pour l’Union des Églises, Amay sur Meuse, 1926.

[8] Paul Couturier, « Pour l’unité des chrétiens. Psychologie de l’Octave de prières du 18 au 25 janvier », Revue apologétique, tome LXI, 1935, p. 684-703.

[9] Paul Couturier, « L’universelle Prière des Chrétiens pour l’Unité Chrétienne », Revue apologétique, novembre 1937, p. 411-427, décembre 1937, p. 562-578.

[10] Paul Couturier, Prière et unité chrétienne, X. Mappus, Le Puy, 1952, réédition signée et revêtue de l’imprimatur de l’archevêché de Lyon d’un texte du même titre de 1944 (ad usum privatum et anonyme).

[11] Paul Couturier, « Charité, lumière de vie », Vers l’unité chrétienne, Catholicité, Lille, fascicules V et VI, janvier 1946, p. 7-16.

[12] Anne-Noëlle Clément, L’abbé Paul Couturier, unité des chrétiens et unité de l’humanité, Lyon, éditions Olivétan, 2015.

[13] Maurice Villain, Œcuménisme spirituel, les écrits de l’abbé Paul Couturier, Casterman, 1963.

[14] On peut se référer à Brooke LUNN, « Couturier and the Church Unity Octave – from the Anglo-Papalists to the Present Day », in Mark WOODRUFF (ed.), The Unity of Christians : the vision of Paul Couturier, special edition of The Messenger of the Catholic League, October 2003 – February 2004, n° 280, p. 29-35.

[15] Cité par Etienne Fouilloux, Les catholiques et l’unité chrétienne du xixe au xxe siècle, Le centurion, 1982, p. 536.

[16] Cité par Anne-Noëlle Clément, L’abbé Paul Couturier, unité des chrétiens et unité de l’humanité, op. cit., p. 56.

[17] Ibid., p. 63.

[18] Ibid. p. 68.

[19] Ibid. p. 76.

[20] Ibid. p. 77.

[21] Jacques Mortiau, Raymond Loonbeek, Dom Lambert Beauduin, visionnaire et précurseur (1873-1960), un moine au cœur libre, Cerf histoire / Éditions de Chevetogne, 2005, p. 158.

[22] Cité par Lambert Beauduin, Une œuvre monastique pour l’Union des Églises, op. cit., p. 20.

[23] Texte non daté trouvé dans les Archives d’Unité Chrétienne. L’idée est présente dans d’autres documents. On la trouve amplement développée par Victor Carlhian dans ses éditoriaux du Van.

[24] Déjà Dorothée de Gaza, moine du VIe s., utilisait cette image du cercle.

[25]Cité par Anne-Noëlle Clément, L’abbé Paul Couturier, unité des chrétiens et unité de l’humanité, op. cit., p. 78.

[26] Ibid. p. 79.

[27] Cf. Ep 1, 9-10

[28]Cité par Anne-Noëlle Clément, L’abbé Paul Couturier, unité des chrétiens et unité de l’humanité, op. cit., p. 80.

[29] Pierre Teilhard de Chardin, « La messe sur le monde », Le cœur de la matière, Œuvres complètes t. XIII, Seuil, 1976, p. 141-142.

[30] Mark Woodruff, « Paul Couturier, the Week of Prayer, and the Unity of Humanity in Christ », in Mark Woodruff (ed.), The Unity of Christians : the vision of Paul Couturier, special edition of The Messenger of the Catholic League, October 2003 – February 2004, n° 280, p.132-148.

[31] Le terme utilisé par Couturier, “tract”, n’est pas anodin, il fait référence aux “Tracts for the Time” du mouvement d’Oxford.

[32] Ce numéro de la revue Catholicité publiée à Lille était un numéro spécial « Vers l’unité chrétienne », comprenant les fascicules 5 et 6, datée de janvier 1946. Ce fascicule avait pour objectif annoncé la préparation de la Semaine de l’Unité de janvier 1946. L’éditorialiste, Paul Catrice, après avoir replacé le numéro dans le contexte de la paix retrouvée par l’Europe, indiquait : « LE MONDE EST UN. Nous empruntons ce titre à un remarquable ouvrage de M. Wendell Willkie. […] Pour nous, l’Unité Chrétienne ce n’est pas une position de repli, un bastion de sauvegarde, ni non plus un instrument agressif. C’est la première étape, étape indispensable, de l’Unité humaine. […] Notre Unité Chrétienne, elle est très large, très audacieuse, très entreprenante ; selon le mot de M. Willkie, ELLE VEUT EMBRASSER LE MONDE TOUT ENTIER. »

[33] Dans l’article, l’intention pour le septième jour est « [la sanctification] de toutes les autres religions » et l’intention générale « l’Unité qu’Il veut par les moyens qu’Il veut », Paul Couturier, « Charité, lumière de vie », Vers l’unité chrétienne, op. cit., p. 12.

[34] Cf. Concile Vatican II, Déclaration sur les relations entre l’Église et les religions non chrétiennes (Nostra Aetate), n° 2.

[35] Mark Woodruff, « Paul Couturier, the Week of Prayer, and the Unity of Humanity in Christ », op. cit., p. 142.

[36] On pourrait citer entre autres la conférence de son ami Paul Monchanin lors de la Semaine de prière pour l’unité chrétienne de 1937 à Lyon : « éléments islamiques d’un Royaume de Dieu ».

[37] Maurice Villain, L’abbé Paul Couturier, op. cit., p. 76.

[38] Une sous-commission de préparation du Concile Vatican II compare encore “la formule Wattson” et “la formule Couturier”. Elle relève en particulier les intentions quotidiennes formulées d’une part en termes de “retour” et d’autre part en termes de “sanctification”. Elle rappelle que l’approbation de l’Octave par les Souverains Pontifes depuis Pie X n’a pas « rendue obligatoire ou exclusive la forme proposée par le P. Wattson quant aux intentions ». Archives P. Michalon – Unité Chrétienne.

[39] Concile Vatican II, Décret sur l’œcuménisme (Unitatis Redintegratio), n° 8.

[40] Walter Kasper, Manuel d’œcuménisme spirituel, Nouvelle Cité, 2007.

[41] Pape François, Encyclique Laudato si’, n° 236.

[42] Dieu pour tout jour, chapitres de Père Christian de Chergé à la communauté de Tibhirine, Abbaye Notre-Dame d’Aiguebelle, coll. « cahiers de Tibhirine » n° 1, 2004, chapitre du 28 novembre 1989, p. 212.

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